Ceci n'est pas un cintre

#CeciNestPasUnCintre, c'est le symbole des avortements illégaux. Voici le slogan de la campagne du planning familial pour le droit à l'avortement, dans le cadre de la journée internationale pour le droit à l'avortement le 28 Septembre 2016. Alors que ce droit est (encore) remis en question en Europe, l'OMS rappelle que l'on estime à 22 millions le nombre des avortements à risques pratiqués dans le monde chaque année, pour la plupart dans les pays en développement. Les lois restrictives qui contraignent les femmes et les jeunes filles à recourir à des avortements à risque entraînent 47 000 décès, et plus de 5 millions de cas de complications.

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Un débat qui n'a pas fini d'animer les réseaux sociaux quand on prend conscience des moyens de communication et de propagande mise en place par les sites anti-IVG tel que afterbaiz.com (à vomir). Des débats auquel je prends part, dans mon quotidien, lors de discussions entre amis, dans la vrai vie ou sur internet, et où je me retrouve constamment confrontée aux mêmes discours culpabilisants car, si j'en crois ces arguments, tout est de ma faute parce que la femme, c'est moi.

Dans un débat sur l'IVG suite à un viol, c'est de ma faute, moi la femme qui portait une jupe et qui l'a bien cherché. Lorsque je rappelles que 74 % des viols sont commis par une personne connue de la victime, possiblement donc dans son cercle intime, c'est de ma faute, moi la femme qui a de mauvaises fréquentations. Dans un débat sur la grossesse non-désirée on me dit que c'est de ma faute, moi la femme qui ne prend pas de contraception. Lorsque je dis que toutes les contraceptions sont des chimies qui ne s'adaptent pas à tous les métabolismes on me dis que c'est de ma faute, moi la femme de mauvaise volonté...

En réalité ce cintre n'est pas un cintre, ce n'est pas non plus uniquement le symbole des avortements illégaux, c'est l'emblème d'une société malade où les femmes n'ont toujours pas le droit de disposer de leurs corps comme elles le veulent. C'est le symbole de la culture du viol. 

La culture du viol ce n'est pas considérer que le viol n'est pas un crime. La culture du viol c'est la banalisation de ce problème de société par un sexisme trop dilué dans les mentalités, où les femmes sont considérées par les hommes comme des salopes potentielles et où les hommes sont considérés par les femmes comme des violeurs potentiels. Car tous les violeurs ne sont pas des inconnus sanguinaires cachés dans l'obscurité d'une ruelle. 90 % des violeurs ne présentent aucune pathologie mentale et 74 % des viols sont commis par une personne connue de la victime. Il n'existe pas de profil monochrome de l'agresseur sexuel.  Nous ne pouvons pas savoir à l'avance que l'homme avec qui nous partageons un café sera notre violeur, que l'homme en costume cravate à côté de nous dans les transports en commun nous touchera la cuisse, que l'homme qui partage notre vie aura décidé de nous "prendre" par la force par ce qu'il pense que c'est son dû.


En tant que féministe je me bas pour l'égalité et l'équité, ce qui veut dire que si je me bas contre la misogynie je me bas aussi contre la misandrie à tous les niveaux. Je n'accuse pas tous les hommes d'être des violeurs potentiels, je n'accusent pas tous les hommes d'être des crocodiles. Je demande à ce que tous les hommes prennent conscience de ce fait de société et agissent. Et agir passe par la remise en question de sa propre condition et de son environnement. 
J'aimerais vivre dans un monde où les hommes ne seraient pas considérés comme des violeurs potentiels parce que les femmes ne seraient plus considérées comme des salopes potentielles. 

"Si les femmes ne se comportaient pas comme des salopes, elle ne se feraient pas violer et c'est donc qu'elles l'ont bien cherché! Et si le fruit de cet acte est une grossesse, elles n'ont qu'à l'assumer, car un enfant n'est pas responsable des actes de ses parents." Voilà les propos avancés par les groupes anti-IVG, ces mêmes groupes qui peuplent le mouvement manif pour tous, les groupes d'extrême droite & le FN. 
Chez ces groupes j'ai même entendu l'expression "avortement de confort". Puisque la majorité des IVG ne sont pas dû à la suite d'un viol, mais bien d'une relation sexuelle entre adultes consentants. Alors je voudrais prôner le droit à l’erreur. Pas à l'irresponsabilité, ni à l'ignorance, mais le droit à l'utilisation du préservatif qui comporte 3 %  risque de craquer,  suite au droit de refuser la prescription d'une contraception aux effets indésirables, le droit à l'accident de parcours, le droit de choisir notre existence, le droit de refuser, le droit de disposer de notre corps, le droit de ne pas devenir mère trop jeune... Et lorsque l'on me parlera d'avortement de confort, je répondrai qu'il n'existe pas d'avortement confortable, que c'est une décision qui restera toujours difficile à prendre, que c'est un acte chirurgical qui n'est pas anodin et qu'aucune femme ne le substitue quotidiennement à la contraception.

Et contrairement aux idées ressues et véhiculées par les sites anti-IVG, l'avortement, s'il est pratiqué à l’hôpital, en chirurgie, ne comporte plus de risque de stérilité aujourd'hui, sauf bien sur, s'il est réalisé à l'aide d'un cintre ou d'une aiguille à tricoter.

« Dans un contexte international alarmant où l’on voit ressurgir des groupes anti-choix animés par des intentions malveillantes visant à remettre en cause des droits fondamentaux obtenus par la lutte pour l’émancipation des femmes, il est important de rappeler un chiffre qui fait froid dans le dos : 47 000. C’est le nombre de femmes qui meurent chaque année des suites d’avortements clandestins.[…] Bien qu’inscrit dans la loi, l’avortement n’est toujours pas « légitime » et on demande encore aux femmes de se justifier. […] Nous voulons en finir avec les IVG cachées, la culpabilisation des femmes, la maltraitance de la part de certain•es professionnel•les, le discours dominant dévalorisant pour les femmes. Nous voulons redonner aux femmes la possibilité d’être fières de faire des choix autonomes, et le droit d’avorter doit être reconnu en France et ailleurs comme un droit respectueux des femmes et de leur dignité. »

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